L’IPBES, qu’est-ce que c’est ?

18 janvier 2015

L’évaluation des écosystèmes pour le millénaire

En 2005, les travaux réalisés dans le cadre de l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire (lire le résumé exécutif ici) ont explicité les liens complexes entre la biodiversité, la fourniture de biens et services éco-systémiques et le bien-être humain.

Ces travaux conduits par près de 1000 scientifiques ont aussi montré que la biodiversité et une majorité (15 sur 24) des services éco-systémiques étudiés subissaient une dégradation importante ou une surexploitation. Ils ont aussi évalué l’impact que cela pourrait avoir sur nos sociétés humaines, Ils ont finalement proposé des mesures de conservation et d’utilisation durable de ces services éco-systémiques.

 

Vers la création de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services éco-systémiques – IPBES

Cette évaluation des écosystèmes pour le millénaire (Millenium ecosystem assessment) a constitué la première étude globale des enjeux liée à la biodiversité. Cette évaluation répondait de manière évidente et dans une volonté d’action au besoin de renforcer l’interface science-politique dans le domaine de la biodiversité.

Afin de combler ce besoin, une importante consultation a été initiée en 2005, lors de la conférence Biodiversité : science et gouvernance, sur un Mécanisme international d’expertise scientifique sur la biodiversité (International Mechanism of Scientific Expertise on Biodiversitv – IMoSEB). Les résultats de cette consultation ainsi que la volonté de poursuivre le suivi global des écosystèmes conduisirent, en 2008, à l’idée de l’IPBES. Après plusieurs réunions intergouvernementales, en 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies mandatait le Programme des Nations Unies pour l’environnement – PNUE pour mettre en œuvre la Plateforme.

C’est finalement en 2012, à Panama City, que les délégués de 94 pays ont adopté une résolution portant création de l’IPBES.

 

IPBES, un GIEC de la biodiversité ?

L’IPBES est souvent comparé au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat – GIEC dans la mesure où son rôle est de synthétiser et d’analyser la connaissance existante sur la biodiversité afin de répondre aux demandes des gouvernements et des autres parties prenantes. La tâche de l’IPBES est toutefois bien plus complexe car bien que la crise de la biodiversité soit mondiale, la répartition et l’état de conservation de la biodiversité varient beaucoup d’un endroit à l’autre. En conséquences, la mise en œuvre de solutions devra être adaptée aux échelles pertinentes, sachant que ces solutions locales auront des contributions variables au phénomène global d’érosion de la biodiversité.

Par rapport au GIEC, l’IPBES a trois spécificités :

  • Elle a l’obligation d’inclure dans ses réflexions et actions une grande diversité d’acteurs (gouvernements, professionnels, société civile, secteur privé) ;
  • Elle a aussi l’ambition de travailler avec différentes sources d’information dont les sciences naturelles, humaines et de l’ingénieur mais aussi les connaissances autochtones et locales ;
  • Elle a aussi l’ambition certes de produire des évaluations mais aussi de contribuer au renforcement de capacités, au développement d’instrument de politique et à la production de nouvelles connaissances jugées cruciales.

Afin de rendre l’ensemble de ces objectifs cohérent, l’IPBES s’est doté d’un cadre conceptuel dont le détail est expliqué dans un article de Sandra Díaz et collègues publié dans le journal PLOS Biology sous le titre A Rosetta Stone for Nature’s Benefits to People.

 IPBES conceptual framework A Rosetta Stone for Nature’s Benefits to People

Pour la période 2014-2018, l’IPBES s’est dotée d’un programme de travail comprenant quatre grands objectifs :

  • Renforcer les capacités et les connaissances aux interfaces science – politique en s’appuyant sur les connaissances autochtones et locales ;
  • Renforcer l’interface science-politique aux niveaux sous-régional, régional et mondial ;
  • Renforcer l’interface science-politique pour les questions thématiques et méthodologiques (on notera la publication récente d’une évaluation sur la pollinisation et les pollinisateurs et des évaluations en cours sur la dégradation et la restauration des terres ainsi que les espèces exotiques envahissantes ou encore l’utilisation durable de la biodiversité) ;
  • Faire connaître l’IPBES et évaluer son action.

 

Pour en savoir plus

 

FacebooktwitterlinkedinmailFacebooktwitterlinkedinmail